Cet article n'était pas prévu,
j'y pensait parfois,
je l'avais mis dans un coin de ma tête,
et puis.
Il est 5h18. "Allez foutue machine, donne moi mon billet, enfin, merci. "
Je cours dans le hall désert, les grandes portes s'ouvrent, je monte dans le train, les wagons sont pleins, j'avance, je vois au loin un siège libre à côtés de 3 personnes arborants des écharpes Gryffondor. "Excusez-moi, je peux ?". Bien sure que je peux. "Merci merci".
Je rentre du Morgenstreich à Bâle.
Ils sont quatre, je les vois tout de suite, ils me montreraient presque du doigt.
5h25. Ils rigolent, ils m'énervent, ces jeunes loups qui me regardent comme si j'étais un bout de viande. Ils me sifflent. Je lève mon doigt bien haut. Un répit, 3 minutes.
J'ai dormi une heure cette nuit, je suis fatiguée, fatiguée et je sens la colère monter.
5h30. Ils recommencent, de plus belle. Les gens du wagon bondé me dévisagent.
Est-ce que c'est moi le problème ?
Je n'ai pas envie de regarder mes pieds, je suis gênée.
5h40. Je commence à reconnaître les routes, les lumières des réverbères dansent. Je repense à cette jeune fille agressée dans le train, et au fait que personne n'a bougé. Je repense à toutes ces fois où je me suis faite accostée, insultée (pas toujours dans cet ordre là d'ailleurs).
Je suis fatiguée, je suis énervée, je ferme mon sac, je me lève.
"Moi : " Excusez-moi, je peux rigoler moi aussi ? "
Crétin : " oh ça va hein ! "
Moi : "Non, ça ne va pas, j'ai le droit de prendre le train tranquillement, ça va bien maintenant"
Crétin : " J'ai le droit de te regarder si je veux ! Je peux rire si je veux ! Je peux même rigoler toute la nuit si j'en ai envie ! "
Moi : " Tu as assez rigolé pour aujourd'hui, pauvre type, maintenant tu me fou la paix, c'est clair ? "
Ils finiront le trajet sans se retourner, les gens assis avec moi s’inquiéteront de savoir quand je descendrai. Finalement nous descendrons tous à la même station. Mes gentils compagnons de voyages s’intercaleront entre mes oppresseurs et moi. Je murmure un "merci, bonne continuation", avant de courir dans le parking désert.
6h. Je monte dans ma voiture et m'enferme. Je démarre. 6h02, je fond en larme.
6h20. J'arrive chez moi, j'écris à une connaissance susceptible de me répondre, je suis retournée, je lui raconte mon trajet. Et cette première réponse, résonne dans ma tête.
" Mais pourquoi tu es rentrée toute seule ? "
Si vous êtes une femme, vous avez forcément déjà vécu une telle situation, bien sure, pour moi, celle là n'est pas la pire. Il y'en a eu (et soyons honnête), il y en aura d'autres. Quand est-ce que c'est devenu normal ?
Si vous êtes un homme, si vous avez une mère (forcément), une soeur, une copine, une nièce, une fille, dites vous qu'à chaque fois qu'elle sort, elle subit des regards quand ce ne sont pas des mots, des gestes.
DITES NON.
Et ne laissez pas une femme se faire harceler,
quelque soit la manière, sans réagir,
ne la laissez pas seule.
Le projet crocodile, histoire de harcèlement et de sexime ordinaire
http://projetcrocodiles.tumblr.com/
Le projet crocodile, histoire de harcèlement et de sexime ordinaire
http://projetcrocodiles.tumblr.com/